Moine des Cités, de Wall Street aux Quartiers-Nord de Marseille d'Henry QUINSON

TEMOIGNAGE PARU EN 2009

Le choix de ce livre s'est fait dans le cadre de mes vacances où j'ai pu le lire chez un parent.

Je lui donnerai 4/5.
Quelques mots sur l'auteur : Henry Quinson est né en 1960 ou 1961. Il a fait ses premières études scolaires à St Jean-de-Passy. Il poursuivra sa formation à l'Institut d'études politiques de Paris, professeur certifié d'anglais et de lettres, traducteur et auteur, économiste bilingue, il a démarré sa carrière comme "golden boy". Il a 3 frères dont Paul, rentré dans les ordres. Il fonde plus tard une petite fraternité  dans les quartiers nord de Marseille "Les sept piliers de la fraternité Saint-Paul". Il a été le traducteur du livre de John Kiser "Passion pour l'Algérie, les moines de Tbhirine" qui a reçu le Prix des Libraires Siloë en 2006. Il a publié lui-même "Prier 15 jours avec Christophe Lebreton, moine, poète, martyr à Tibhirine" en 2007 aux éditions Nouvelle Cité.
RESUME : Un jeune banquier d'affaire franco-américain quitte sa vie de golden boy pour rejoindre un austère monastère cistercien en Savoie à Notre-Dame de Tamié. Entre les murs de la clôture, il s'interroge sur son avenir spirituel. Avant de rentrer là, il avait eu une vision étrange le 24 octobre 1989 qu'il avait écrite ainsi : "Dans ma prière, j'ai vu que je faisais l'école aux enfants maghrébins de Marseille". Il sent alors qu'il a besoin d'autre chose et que son appel est ailleurs. Après plusieurs étapes qu'il traversera, il parviendra à fonder une petite fraternité dans les quartiers nord de Marseille "Les sept piliers de la fraternité Saint Paul"où il est depuis 1997.
MES IMPRESSIONS :  Ce livre a été agréable à lire, vivant et intéressant. Ce témoignage nous montre que lorsqu'une petite voix vous parle, on est capable de changer du tout au tout. De la vie d'un golden boy à celle de se retrouver dans un HLM au service des plus pauvres est un exemple inhabituel et surprenant. Les rencontres que fait Henry Quinson au cours de sa conversion sont nombreuses, personne n'ose le contredire dans sa décision mais s'interroge pour ce choix inédit alors qu'il a tout pour être heureux. Il est intelligent, il est brillant, il réussit, il est riche. Mais cela ne lui suffit pas. Son coeur est autre part. Lors de son engagement dans le premier monastère qui l'a accueilli, deux alternatives se posent à lui : "Il y a peu, je me sentais attiré vers la vie purement contemplative. Maintenant, il y a cette préoccupation caritative". En fait, il se souvient aussi des paroles de sa grand-mère Suzanne Quinson qui disait afin que son petit-fils sache faire la différence entre un communiste et un chrétien : "Le communiste affirme : tout ce qui est à toi est à moi"et "le chrétien qui pensait le contraire en disant : tout ce qui est moi est à toi". Henry Quinson a déjà des raisons de se préoccuper de la religion bien présente dans sa famille et tout ce qu'on lui apprend s'enracine en lui. C'est un intellectuel qui fait des études poussées et a l'occasion de se cultiver, de raisonner mais aussi comprendre le sens de sa vie, de ce qu'il veut donner et recevoir. Il ne critique en rien sa vie passée à gagner de l'argent plus qu'il n'en fallait, il en a profité mais cette période est derrière lui. Il est dans l'aide et l'écoute de son prochain, pas dans le fait d'imposer sa religion. La fraternité Saint Paul englobe 7 principes résumés ainsi : le célibat, la prière, le logement HLM, le travail à mi-temps, l'accueil, l'entraide, la participation à la vie paroissiale. L'expérience d'Henry Quinson amène  plusieurs communautés qui se sont réunies aux Etats-Unis en 2004 à réfléchir ensemble aux principaux axes de vie du "nouveau monachisme". Les 7 piliers avec ses 7 principes déjà implantés voulait promouvoir ce mouvement de relocalisation de la vie monastique dans un quartiers urbain pauvre de Marseille. Le nouveau monachisme, avec ses 12 axes, va se tourner vers les quartiers pauvres d'autres grandes villes. Pour finir avec cette réflexion, je terminerai par une phrase de Chateaubriand tirée des Mémoires d'Outre-tombe et relevée dans ce livre qui m'a marqué : "Plus le visage est sérieux, plus le sourire est beau". A lire pour tous en quête de témoignage fort.