11/01/2011

LIVRES PARUS EN 2010

Le quai de Ouistreham de Florence AUBENAS

REPORTAGE ROMANCE PARU EN 2010
Le choix de ce livre s'est fait dans le cadre de ma tournante de livres.
Je lui donnerai 5,5/10.
Quelques mots sur l'auteur : Florence Aubenas, d'origine française, est née en 1961 à Bruxelles. Diplômée du centre de formation des journalistes en 1984, elle a fait sa carrière en partie chez Libération puis deviendra grand reporter au Nouvel Observateur. Elle a couvert des évènements au Rwanda, Kosovo, Algérie, Afghanistan et Irak ainsi que plusieurs procès en France. Au cours d'un reportage en Irak, elle a été retenue en otage 157 jours. Elle s'est fait connaître au procès d'Outreau doutant de la culpabilité des prévenus. Elle a commenté sur FR3 le retour d'Ingrid Bétancourt après 5 ans de captivité en Colombie. En juillet 2009, elle est nommée présidente de l'Observatoire international des prisons. Elle s'intéresse aux questions sociales et à la précarité. Dans son oeuvre, on trouvera : "La méprise" en 2005 (sur l'affaire d'Outreau), "Grand reporter" en 2009, ainsi que "Le quai de Ouistreham" en 2010 qui a reçu le Prix Joseph Kessel.
RESUME : Florence Aubenas disparaît volontairement durant 6 mois environ de son lieu d'habitation pour s'installer à Caen où elle ne connaît personne. Elle tente de chercher un emploi simulant un problème familial qui l'oblige à travailler alors qu'elle n'aurait aucun diplôme en poche. Elle démarre comme femme de ménage avec beaucoup de difficulté et trouve son premier emploi sur les ferrys qui accostent sur le quai de Ouistreham pour quelques heures avant de repartir. Dans ce livre, on dévouvre tout son parcours laborieux pour décrocher un poste en passant par pôle emploi et les agences d'intérim.
MES IMPRESSIONS : La démarche de Florence Aubenas est intéressante et innovante car pour parler du sujet de l'emploi elle s'est complètement immergée dans la situation du chômeur. Elle n'a pas fait la description de la journaliste qui écoute les doléances des uns et des autres. Elle est au coeur du problème et joue le jeu comme les personnes précaires. Cependant toute la différence, c'est qu'elle n'est pas dans la précarité réellement et qu'elle n'a pas les préoccupations véritables de ces gens-là. Ce que j'ai apprécié de découvrir c'est le parcours du combattant qu'elle a dû vivre pour décrocher au bout de six mois un CDI qui était l'objectif de son expérience. Voilà par contre les défauts de son livre : une fois de plus, c'est une journaliste qui fait cette expérience en quête probablement d'un nouvel élan de popularité pour que l'on parle d'elle et qu'elle vende son livre (côté lucratif, il faut bien vivre) ; sur le livre proprement dit, il s'installe une certaine lassitude à continuer la lecture car on revient toujours au quotidien qui est souvent répétitif. Pour les côtés positifs : elle a bâti son livre sur le fil,  et cela est par contre plaisant, c'est un véritable reportage. La crise l'a inspirée pour écrire sur cette réalité émouvante. Ses portraits sont touchants. Ce dont on se rend compte aussi, c'est que chaque métier nécessite une formation et un savoir-faire qui n'est pas donné à tout le monde. Elle-même n'est visiblement pas très douée pour le métier de femme de ménage. Ce qu'il faut souligner et que Florence Aubenas dénonce avec subtilité, c'est parfois le manque de respect de certains vis à vis des professions manuelles et pratiques. Je le conseillerai pour tous bien qu'il puisse ne pas vraiment attirer tout le monde forcément vu le thème, mais c'est ouvrir son esprit à autre chose que son quotidien confortable et prendre conscience de la précarité si proche de soi.

Les belles années de Sophie AVON

ROMAN PARU EN 2010
Le choix de ce livre s'est fait tout à fait par hasard au cours d'un échange en atterrissant chez moi par erreur.
Je lui donnerai 6/10.
Quelques mots sur l'auteur : Sophie Avon est née en 1959 à Oran en Algérie. C'est une journaliste et écrivain française. Elle a fait ses études à Bordeaux et Paris où elle a suivi le cours Florent. Elle a vécu un an à Amsterdam et a entrepris une traversée de 9 mois à la voile entre le Sénégal et le Brésil. Depuis 2000, elle est devenue critique de cinéma au journal Sud-Ouest. A partir de 2005, on peut entendre ses interventions dans l'émission radiophonique "Le masque et la plume" sur France Inter. Elle vit toujours à Bordeaux. On trouve dans son oeuvre une petite dizaine de romans. Elle démarre en 1988 avec "Le silence de Gabrielle", et parmi ses écrits on notera "Ce que dit Lili" en 2007 et "Les belles années" en 2010.
RESUME : Sophie Avon nous expose  la jeunesse des années 80. Les jeunes gens qu'elle a choisis ont comme point commun de faire partie du même cours de théâtre. Chacun vit une histoire différente qui est relatée chapître après chapître. De milieu aisé ou pauvre, ils se cotoient, s'ignorent, se fréquentent ou non au gré de leur vie.
MES IMPRESSIONS : Ce livre représente la respiration d'une ambiance estudiantine particulière, la jeunesse des années 80. Ils ont sans doute pour la plupart une vingtaine d'années. A cette occasion, je souligne que l'écrivain étant née en 1959 et ayant suivi les cours Florent, a peut-être fait partie de cette tranche de vie. Elle ne parle pas d'autobiographie mais sans doute a-t-elle été inspirée par les fréquentations qu'elle a eues à cette époque-là. On sent d'ailleurs qu'elle décrit toute cette atmosphère avec beaucoup d'aisance, elle a analysé avec précision chaque jeune fille ou jeune homme en quête de réussite personnelle. Sans doute, elle fait transparaître dans chaque épisode, la difficulté pour chacun de se trouver et d'arriver à se faire une place dans ce milieu du théâtre à priori pas si accueillant que cela. Avant de rejoindre ce parcours chaotique des études pour devenir acteur, ils s'étaient bercés d'illusion sur leur devenir. Ils sont désabusés pour certains voyant que le succès n'était pas forcément à leur portée. Ils sont obligés pour vivre de faire des petits boulots, d'habiter dans des logements précaires et insalubres. Ce livre très réaliste nous montre finalement combien il est difficile de passer de la vie protégée chez ses parents à celle d'étudiants qui doivent se débrouiller pour construire leur avenir. C'est un livre intéressant sur cette époque-là mais il reste à souligner que les étudiants d'aujourd'hui vivent sensiblement la même chose avec les mêmes obstacles pour percer mais avec une montée du chômage beaucoup plus inquiétante.

Même le silence a une fin d'Ingrid BETANCOURT

RECIT PARU EN 2010
Le choix de ce livre s'est fait car on me l'a prêté et j'en avais entendu parler.
Je lui donnerai 8/10.
Quelques mots sur l'auteur : Ingrid Bétancourt est une femme politique colombienne née le 25 décembre 1961. Elle a grandi entre Bogota et Paris, son père ayant été ambassadeur de Colombie à l'Unesco. Elle a fait Sciences Po à Paris et épouse en 1981 Fabrice Delloye, un diplomate français, dont elle aura deux enfants Mélanie et Lorenzo. Elle obtiendra à cette occasion la nationalité française. Puis elle demande le divorce en 1990 et revient seule à Bogota. Elle va épouser en secondes noces Juan Carlos Lecompte, homme politique colombien. A 29 ans, elle est engagée au ministère des Finances en Colombie. Députée et sénateur, elle tente de lutter contre la corruption et le trafic de cocaïne qui dévastent ce pays. En voulant assainir le pays le plus corrompu d'Amérique latine, elle s'est mise en danger et a été enlevée le 23 février 2002 par les FARC (forces armées révolutionnaires de Colombie) alors qu'elle s'était présentée à l'élection présidentielle en tant que candidate écologique. Le monde entier s'est mobilisé pour sa libération, les FARC n'ont jamais voulu la libérer. Très malade et affaiblie, et menaçant de mourir faute de soin, elle va écrire une ultime lettre confiée à un otage en instance de libération, qui réussit à la faire parvenir à ses proches. Son témoignage est bouleversant et elle dit dedans que son amour pour ses enfants et les siens la maintient en vie mais les forces commencent à lui manquer et elle pense qu'elle ne les reverra sans doute jamais. Cette lettre est un genre de testament ( voir Lettres à Maman...dans mon blog année 2008). Elle est finalement libérée par l'armée colombienne au cours de l'opération Jaque le 2 juillet 2008, après 6 ans et demi de détention. Elle demande le divorce après son retour à son second mari.
RESUME : "Même le silence a une fin", le titre du livre, est l'un des derniers vers du poème "Pour tous" de Pablo Neruda. Son père, mort assez vite après son enlèvement, lui récitait souvent ces vers et elle n'a cessé d'y repenser durant tout sa détention pour se donner du courage et ne pas oublier. Ce livre est le récit poignant de cette prise d'otage et de la vie menée avec les FARC jusqu'à sa libération début juillet 2008.
MES IMPRESSIONS : Ingrid Bétancourt a voulu partager avec nous son histoire tout simplement au travers d'un récit qu'elle a voulu sincère. Sa personnalité quelque peu décriée dans la presse par certains de ses co-otages, elle nous la décrit avec ses mots. Elle se sait volontaire et autoritaire. Mais ce qui transparait ici c'est que c'est une femme de parole qui n'a jamais trahi son entourage même si parfois ils n'ont pas été très compréhensifs avec elle. C'est sans doute une femme de tête, habituée à diriger et se retrouver accrochée à un arbre avec une chaîne autour du cou, a été pour elle une très dure épreuve. L'humiliation a été permanente tout au long de cette détention ainsi que la maltraitance. Certes, elle a provoqué les guerilleros par ses diverses tentatives d'évasion mais ce désir de liberté lui a permis aussi d'espérer et tenir debout. L'amour de ses proches, sa foi l'ont maintenu en vie. Malgré sa maladie, elle n'a pas cessé de résister tout le temps, sauf à la fin, où son physique était devenu tellement faible qu'elle s'était confiée à la vierge pour s'abandonner entre ses bras. Il est vrai que la libération d'Ingrid Bétancourt, nous y avons tous assisté en direct mais ce qu'il manque sans doute c'est de savoir aujourd'hui aussi ce que sont devenus ceux qui ont vécu avec elle durant ces 6 ans. Lucho, Pinchao, Marc, William, Clara, et les autres. Comment s'en sortent-ils ? Les a-t-elle revu ? C'est sans doute leur histoire personnelle qui ne regarde qu'eux, mais lorsqu'on vit ce genre d'épreuve, a-t-on besoin de se revoir ? Ce sont des questions qui m'interpellent après la lecture de ce livre. Ame trop sensible s'abstenir. Style agréable à lire, récit émouvant, bouleversant et révoltant.

Quand tu n'étais pas là de Laura BLOOM

ROMAN PARU EN 2010
Le choix de ce livre s'est fait dans le cadre de ma tournante de livres.
Je lui donnerai 6/10.
Quelques mots sur l'auteur : Laura Bloom est née en Australie en 1968. "Quand tu n'étais pas là" est son premier roman publié en France.
RESUME : Roman qui se déroule dans les années 40 dans une banlieue de Sydney. Le mari de Catherine a été mobilisé dans le Pacifique durant la guerre et cette dernière n'a plus aucune nouvelle de lui pendant plusieurs années. Désespérée, elle finit par connaître un soldat américain alors qu'elle ne savait plus où elle en était. Seulement voilà que peu de temps après en 1946, son mari revient à la maison. Elle est rongée par la culpabilité mais ne sait pas comment avouer cet adultère et d'autres secrets.
MES IMPRESSIONS : Roman qui se lit bien car l'intrigue ne nous laisse pas le temps de nous arrêter dans cette lecture. Par contre, le thème abordé pour autant intéressant, ne m'a pas transporté. L'issue du livre est raisonnable mais certainement manque un peu d'originalité mais après tout, elle est très morale et se rapproche de la meilleure solution qui soit. Je n'oserai pas parler d'un roman à l'eau de rose mais il s'en rapproche dangereusement pour moi. Des questions se détachent quand même sur le mensonge ce qui a pour but de faire réfléchir le lecteur.  Mentir entraîne forcément un mal-être pour le couple et en particulier pour la femme dans ce livre. Elle est en quête d'avouer la vérité mais elle sait qu'elle peut faire beaucoup de dégâts. Doit-on dire la vérité, une partie de la vérité ou rien du tout ? C'est sans doute ce thème-là que je retiendrai au cours de cette lecture qui vaut quand même la peine d'être débattu mais mon  jugement reste tout de même un peu sévère, j'en conviens.

Le visage de Dieu d'Igor et Grichka BOGDANOV

LIVRE PARU EN 2010
Le choix de ce livre s'est fait car on me l'a prêté.
Je lui donnerai 8/10.
Quelques mots sur les auteurs : Igor et Grichka Bogdanov (Bogdanoff) sont deux frères jumeaux d'origines russe et autrichienne qui sont nés en 1949 à Saint-Lary. Ce sont des scientifiques médiatiques surnommés les frères Bogdanov. Igor serait titulaire d'un DEA de sémiologie alors que Grichka diplômé de l'IEP Paris et docteur en mathématiques. Ils auraient passé assez tard leurs doctorats de physique et mathématiques. De 1979 à 1989, ils animent une émission de vulgarisation scientifique sur TF1 "Temps X". Il faut ajouter qu'ils ont un physique hors du commun qui va les faire connaître rapidement. En 2004, paraît "L'avant big-bang". Depuis 2005, de nombreux scientifiques les accusent de mystification et d'incrédulité. "Le visage de Dieu" est paru en 2010.
RESUME : Histoire de nos origines, naissance de l'univers.
MES IMPRESSIONS : Hormis mon incapacité à juger le contenu scientifique de ce dernier livre des frères Bogdanov et les polémiques nombreuses venant du monde scientifique en général, j'ai apprécié cette lecture par la vulgarisation adaptée à tout lecteur qui en fait son côté abordable, par la façon d'exposer des auteurs, comme embarqués par une extraordinaire aventure dans l'univers. On voit leur passion de parler de ce sujet à la limite de la science fiction, c'est cela qui m'a amusé aussi. Les théories qu'ils avancent dans leur livre, je ne les retiendrai pas pour la bonne et simple raison que la science n'est pas mon domaine et que je n'ai aucun moyen de vérifier ces dires. Même un scientifique reconnu ne me convaincra pas forcément non plus. Ce qui m'a tout de même interpellé ce sont les interrogations qui ont été posées dans le livre à savoir : "Pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien ?" Pourquoi y-a-t-il de l'être ?" Ce "je ne sais quoi " qui nous sépare du néant ?", "D'où vient l'univers", "D'où venons-nous ?" Dans leur livre, les frères Bogdanov ont affirmé que le titre "Le visage de Dieu" viendrait d'un scientifique George Smoot (Prix nobel de physique en 2006) qui aurait, lors d'une conférence sur l'univers, déclaré qu'il avait entrevu ce "visage de Dieu". Personnellement, je n'ai pas trouvé dans mes recherches sur internet dans la vie de George Smoot quoique ce soit sur cette affirmation. C'est pour cela aussi que je pense au-delà de la vérité de chacun, que toutes les vérités sont relatives. Un vaste sujet qui entraîne forcément la discorde, les jalousies et controverses. Je ne veux pas rentrer dans ce débat-là, simplement lire un livre comme celui-là est celle d'un roman de science-fiction où il y aurait une lueur de solution quand même car des scientifiques travaillent réellement sur cette grande question de l'univers. Je serai très intéressée d'avoir vos réactions, chers lecteurs.

Une histoire des parents d'écrivains, de Balzac à Marguerite Duras d'Anne BOQUEL et Etienne KERN

LIVRE PARU EN 2010
Le choix de ce livre s'est fait car on me l'a prêté.
Je lui donnerai 8/10.
Quelques mots sur les auteurs : Anne Boquel et Etienne Kern, nés probablement en 1985, mariés à la ville. Ils sont tous les deux diplômés de l'Ecole Normale supérieure et agrégés de Lettres. Ils enseignent dans les Universités de Paris IV et Paris X. Anne B. s'est plus spécialisée dans la poésie napoléonienne (1815-1848) alors qu'Etienne K. s'est penché plus particulièrement sur la vie d'Henri de Latouche, homme de lettres du début du XIXème siècle. Ils ont co-écrit "Une histoire des haines d'écrivains, de Chateaubriand à Proust" paru en 2009 et "Une histoire des parents d'écrivains, de Balzac à Marguerite Duras" paru en 2010.
RESUME : Livre culturel qui nous fait connaître les parents de plusieurs écrivains très connus du XIX et du XXème siècle. Les deux auteurs de ce livre nous montrent comment ces parents ont accepté, toléré ou refusé le don de leur progéniture, comment ils ont géré le métier de leur enfant et comment ils se sont comportés avec eux.
MES IMPRESSIONS : J'ai apprécié de me replonger dans la littérature grâce à ce livre très vivant sur la vie d'un certain nombre de parents d'écrivains très connus. Cela m'a rappelé mes lectures de jeunesse et parfois d'autres plus récentes. Ce phénomène de prise de conscience du talent de ses enfants qui veut se diriger vers cette voie-là et pas une autre n'est pas toujours facile à gérer. Moi-même, mère de famille, je prends conscience de vouloir que mes enfants s'épanouissent dans une direction qui leur plaise mais qui me convienne aussi. En tant qu'adulte et malgré un certain recul, on n'est pas toujours bien placé pour juger des aptitudes de nos enfants car soit on peut être trop fier et aveuglé, soit on n'y croit pas du tout pensant se faire des illusions. De plus dans le monde d'aujourd'hui où l'argent fait partie inhérente de notre confort, on ne peut concevoir qu'un enfant n'ait pas tout de suite un métier qui rapporte. Assumer ses enfants financièrement pose un problème qui fait réfléchir à deux fois avant que son enfant s'engage définitivement vers un métier d'artiste. Pour revenir à cette lecture très plaisante et instructive, j'ai été contente de découvrir les diverses familles : Balzac qui n'a pas pu vivre pleinement son art avec l'avis mitigé de ses parents qui l'auraient préféré notaire, Charles Baudelaire qui perd son père très jeune ne s'entendra pas particulièrement avec son beau-père qui ne comprend pas sa vocation d'homme de lettres. Je ne peux guère revenir sur chaque écrivain ici mais j'ai été enthousiasmée de me replonger dans cet univers particulier de la littérature. A lire pour tous et en particulier pour les élèves de Première en prévision du bac français, c'est un plus culturel.

La mort heureuse d'Albert CAMUS

ROMAN REEDITE EN 2010
Le choix de ce livre s'est fait car on m'en avait parlé. Il a été réédité en 2010 à l'occasion des 50 ans de la mort d'Albert Camus. (écrit en 1938, 1ère parution en 1971 à titre posthume).
Je lui donnerai 8/10.
Quelques mots sur l'auteur : Albert Camus est né en 1913 en Algérie. Il n'a pas connu son père blessé sur le front et mort à l'hôpital en 1914. Son frère Lucien et lui seront élevés en partie par leur mère Catherine Sintès, d'origine espagnole, obligée de faire des ménages pour les nourrir. Très jeune, Albert Camus sera remarqué pour ses capacités intellectuelles exceptionnelles. En 1932, il obtient son bac. Il contractera la tuberculose à 17 ans ce qui gènera l'issue de ses études de philosophie sans pouvoir atteindre l'agrégation en raison de ses cures ainsi que le professorat  refusé pour la même raison. Il épouse en premières noces Simone Hié en 1934 dont il se séparera deux ans plus tard. En 1936, création du théâtre du travail et élaboration de son premier roman en 1938 "La mort heureuse" resté inédit jusqu'en 1971 puis édité à titre posthume et réédité en 2010 . En 1939, création du journal Alger républicain ainsi que la publication des "noces". L'écrivain quitte l'Algérie en 1940 avec sa seconde femme Francine Faure dont il aura deux enfants jumeaux Catherine et Jean. La même année, il publie "l'Etranger", son premier roman édité qui va recevoir un excellent accueil du public. On pourra noter aussi l'essai "Le mythe de Sisyphe"  et la pièce de théâtre "Caligula". En 1943, rencontre avec Jean-Paul Sartre avec qui il se brouillera en 1952 ne partageant plus les idées entre autre sur le communisme. En 1947, "La peste" reçoit un énorme succès et sera décoré du Prix des Critiques. Camus fera quelques voyages dont les Pays-Bas et la Grèce qui influenceront son oeuvre. En 1956, publication de "La chute". L'auteur  reçoit en 1957 le Prix Nobel de Littérature pour l'ensemble de son oeuvre. En 1960, il meurt subitement dans un accident de voiture près de Sens. Les thèmes de ses écrits sont principalement l'absurde et la révolte indissociables de ses prises de position publiques. Il est aussi un  psychologue et un moraliste.
RESUME : Mersault pense trouver le bonheur après le crime qu'il a commis sur un infirme riche et probablement consentant qui lui a laissé de quoi vivre jusqu'à la fin de ses jours.
MES IMPRESSIONS : Je n'ai que de vagues souvenirs des autres livres de Camus comme "La Peste" et "l'Etranger" que j'ai déjà lus il y a quelques années mais je me souviens que ce furent de bons moments de lecture. "La mort heureuse" m'a beaucoup plu aussi et je suis d'autant plus contente de partager avec vous mes pensées sur cette histoire morbide qui montre plusieurs aspects psychologiques du meurtrier qui continue à vivre sa vie comme si de rien n'était. En fait, il se sent malade (n'est-ce pas aussi psychique ?) et s'aperçoit que son bonheur n'est pas tout à fait là comme il l'aurait espéré. Il sent le poids de son crime, ne l'avoue à personne et doit vivre avec ce secret qui le rend mélancolique et sans enthousiasme. Il y a certainement des analogies de la vie de Camus avec l'histoire de Mersault. Camus a vécu dans la pauvreté durant toute sa jeunesse en raison de la mort prématurée de son père, puis il est tombé malade très jeune au milieu de ses études. En fait, il devait s'interroger sur les raisons d'un tel acharnement contre lui et il essayait d'en imaginer des solutions. Le crime bien étudié par Camus sur une personne handicapé en plus consentante pouvait être une solution au problème de l'argent dans un premier temps. Une fois l'acte commis, le bonheur aurait dû être au rendez-vous mais ce ne fut pas le cas. Camus s'identifie alors à Mersault dans son combat contre la maladie. Il n'y a pas vraiment de solution. L'argent n'y fera rien. Quelques moments passés en compagnie d'une femme et d'amies le distrait momentanément mais ne résoud rien à ses états d'âme. Camus aurait-il eu honte de son vivant d'éditer ce roman qui traduit ses pensées intimes qui véhiculent un acte criminel épouvantable pour un problème de pauvreté ? Il a dû se dire mais où je vais dans cette façon de voir des solutions. Il y a comme un parallèle entre le personnage de Mersault et Camus mais cela ne signifie pas cependant que Camus était un criminel. L'idée de tuer pour s'en sortir n'a sans doute pas convenu à Camus qui a préféré ne pas éditer son roman en 1938, cela devenait machiavélique et malsain. Pour conclure, je dirai que ce roman est toujours très actuel sur la façon de raisonner de l'homme. Il n'a pas vieilli et aurait pu être écrit au XXIème siècle.

La vocation chrétienne de la France de Jean-François CHEMAIN

ESSAI PARU EN 2010
Le choix de ce livre s'est fait dans le cadre de mon groupe de lecture.
Je lui donnerai 7/10.
Quelques mots sur l'auteur : Jean-François Chemain,  marié, lyonnais, est né en 1961. Il est diplômé de l'Institut d'Etudes Politiques de Paris, d'Etudes approfondies de droit international et agrégé d'Histoire. Il a écrit une thèse d'Histoire du droit. Sa carrière se définit par le métier de consultant international dans différents cabinets anglo-saxons exercé durant une dizaine d'années à la suite duquel il monte son groupe puis devient cadre dirigeant dans un grand groupe industriel français. A partir de 2006 il se sent appelé à changer radicalement de vie en raison d'une réflexion spirituelle personnelle qui le taraude depuis quelques années sur son lien avec Dieu. Il parle de conversion soudaine comme celle de Saint Paul.  Il choisit alors l'enseignement et devient professeur en histoire,  géographie et éducation civique à Vénissieux-Les-Minguettes dans un collège de Zone d'Education Prioritaire de la banlieue lyonnaise. Cette nouvelle destinée l'entraîne dans l'écriture de quelques ouvrages : "La vocation chrétienne de la France" paru en 2010, "Kiffe la France" en 2011, "Une autre histoire de la laïcité" en 2013, "Kiffe la France. La semaine d'un prof de banlieue" et "L'argent des autres. Histoire de la caution à Rome" en 2015 et pour finir "L'économie romaine en Italie à l'époque républicaine" en 2016.
RESUME : Débat actuel sur l'identité nationale et en particulier sur l'histoire de la France sur le plan historique et religieux. L'auteur aborde le rôle méconnu  joué par le christianisme dans la formation et l'épanouissement de la communauté française.
MES IMPRESSIONS : Il me semble que ce livre est intéressant sur les connaissances historiques que nous fournit son auteur, il est bien documenté sur le passé des religions en France et bien argumenté sur ce qu'il se passe aujourd'hui avec une laïcité beaucoup plus sensible et grandissante dans un pays traditionaliste et conservateur. Il explique bien ce phénomène de la montée des tensions religieuses en raison de l'installation progressive de l'Islam en France. Les religions ont toujours eu du mal à cohabiter entre elles et il se trouve que la France traverse une nouvelle phase dans son histoire où elle doit accepter cette nouvelle façon d'exister. Ce livre permet de discuter de ces sujets aujourd'hui brûlants sur l'installation d'autres religions en France et représente une base de réflexion pour celui qui croit à l'analyse de Jean-François Chemain.

Prodigieuses créatures de Tracy CHEVALIER

ROMAN PARU EN 2010
Le choix de ce livre s'est fait dans le cadre de ma tournante de livres.
Je lui donnerai 9,5/10.
Quelques mots sur l'auteur : Tracy Chevalier est une écrivain américaine née à Washington en 1962. Elle a fait ses études dans l'Ohio. En 1984, elle arrive à Londres où elle travaille dans l'édition. Elle y restera définitivement, fondant une famille. Elle élève alors son fils tout en exerçant sa carrière d'écrivain. En 1997, paraît "La vierge en bleu" puis suivra en 1998 "La jeune fille à la perle" qui aura un retentissement mondial. Elle poursuit son oeuvre en 2001 avec "Le récital des anges", "La dame à la licorne" en 2003 puis en 2007 "L'innocence". En 2009, est paru en version originale "Prodigieuses créatures", en France il arrivera en 2010. Ce sixième roman sera sans doute tourné en film comme l'a été "La jeune fille à la perle".
RESUME : Au début du XIXème siècle, une très jeune fille nommée Mary Anning (1799-1847) ramasse des fossiles sur les plages de Lyme Regis dans le Dorset au sud de l'Angleterre pour subvenir à la misère de sa famille très pauvre, vendant ces créatures à des collectionneurs. Elle se passionne pour ces explorations de plus en plus fructueuses où elle trouve des squelettes beaucoup plus imposants au point d'intéresser des scientifiques de l'époque à la recherche des origines de la terre. Elle fera connaissance au cours de ses promenades d'Elizabeht Philpot (1780-1857) qui vient d'arriver de Londres avec ses deux soeurs et qui va habiter Lyme. Elles se lient d'amitié dans leur passion commune pour les fossiles et malgré une rivalité sentimentale qui va les séparer momentanément, elles resteront toujours unies face à la supériorité que les hommes afficheront constamment auprès d'elles.
MES IMPRESSIONS : Elles sont excellentes. Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un livre aussi agréable, bien écrit et intéressant. Même si Tracy Chevalier a romancé une partie de l'histoire de Mary Anning, il n'en reste pas moins l'essentiel de l'aventure extraordinaire de cette femme et son amie Elizabeth. Leurs découvertes sur les plages de Lyme montrent leur motivation pour trouver des spécimens de plus en plus extraordinaires. Il faut rappeler à cette occasion que Mary Anning découvre à 12 ans son premier fossile entier d'origine inconnue qu'on appellera l'ichtyosaure. En 1821, ce sera un plésiosaure. En 1828, elle revend à William Buckland (géologue et paléontologiste britannique (1784-1856 ) qui vient souvent chercher les curios avec elle) un ptérodactyle appelé Dimorphodon. En cherchant dans sa vie, j'ai pu voir qu'elle avait reçu une rente annuelle de la British Association for the Advancement of Science. Mais avant de recevoir ce salaire bien mérité, quel parcours du combattant ! Car même pour une personne passionnée, elle était manipulée par le commerce des hommes et des scientifiques qui lui achetaient ses trouvailles pour une bouchée de pain. Et pourtant, elle devait nourrir sa famille, son père étant décédé prématurément. Son amie Elizabeth, faisant partie de la petite bourgeoisie londonienne, et ayant des contacts plus faciles avec le milieu scientifique grâce à son frère avocat, a pu se rapprocher ainsi des toutes les manigances de ce commerce florissant qui aurait dû profiter directement à la jeune fille qui trouvait les fossiles toute seule. Les deux femmes ont été réunies dans l'adversité. Seule ombre au tableau dans leur relation, c'est que ni l'une ni l'autre ne se sont mariées et des jalousies se sont créées entre elles face à des hommes qu'elles pensaient être leurs prétendants. Cette partie du roman semblerait la plus romancée mais elle est aussi fascinante car elle montre bien l'esprit de l'époque sur les relations homme/femme très conventionnelles et pleines de préjugés. Description admirable de l'écrivain sur les lieux de recherche, les personnages sont attachants et bien campés. On sent de la délicatesse dans la façon de décrire les sentiments entre les deux femmes et le respect qu'elles ont pour l'autre même si elles en arrivent à se disputer. Ce roman historique nous emmène dans un monde tellement différent d'aujourd'hui, qu'il en est plein de charme et l'atmosphère quelque peu désuette qui en ressort nous fait rêver à toute cette période pas si loin de nous. Le livre est long à lire, car il est très dense, l'écriture est serrée mais il se dévore par son intrigue qui nous suit jusqu'à la dernière ligne.

Vous avez quel âge ? de Françoise DORIN

PARU EN 2010
Le choix de ce livre s'est fait car il était posé sur une table et j'ai voulu le parcourir par curiosité.
Je lui donnerai 4/10.
Quelques mots sur l'auteur : Françoise Dorin est née en 1928 à Paris, fille du chansonnier René Dorin. Elle fut l'épouse de Jean Poiret dont elle a eu une fille Sylvie Poiré et est actuellement la compagne de Jean Piat. Elle a fait des études de littérature puis une carrière de comédienne au Théâtre des Deux-ânes qui appartenait à son père. Elle a joué à l'époque avec Michel Piccoli et Roger Hanin. Par la suite, elle écrira de nombreuses chansons pour les autres et en particulier son premier succès sera en 1965 "Que c'est triste Venise" chanté par Charles Aznavour. On compte aussi d'autres textes écrits pour Régine, Dalida, Mireille Matthieu, Claude François, Juliette Gréco ainsi que Céline Dion, etc. Côté théâtre, elle créera sa première pièce en 1967 "Comme au théâtre" dont la mise en scène fut réalisée par Michel Roux.  En 1983, "L'étiquette", mise en scène de Pierre Dux avec Jean Piat. On relève une quinzaine de pièces de théâtre à son actif. Pour finir, on trouve dans son oeuvre littéraire de nombreux ouvrages. J'ai retenu en 1992 "Au nom du père et de la fille", en 2006 "Le coeur à deux places", et en 2007 "En avant toutes" et en 2010 "Vous avez quel âge ?".
RESUME : Une réflexion et des questions sur la vieillesse.
MES IMPRESSIONS :  Sans avoir été enthousiasmée par ce livre qui est en fait le texte d'une pièce de théâtre joué par Jean Piat, je reconnais avoir souri de temps à autre sur certaines citations. En effet, sans avoir vu l'interprétation de cette pièce, je ne peux guère savoir comment elle peut toucher le public. Ce que je retiens tout de même, c'est la suite de bons mots et j'ai relevé quelques passages qui m'ont amusée : Page 27 "Quand vous vous levez le matin, évitez de vous demander : "Quand est encore le moins que je vais avoir en plus ?" Ca casse le moral !".  "Pensez, Mesdames, qu'autrefois on ne reconnaissait pas les femmes...Tellement elles avaient vieilli... Et que maintenant, on ne les reconnait plus tellement elles ont rajeuni ! C'est tout de même un progrès !" De Jean Gabin "Passé un certain âge, pour avoir l'air frais... faut venir du dehors !" (pour les hommes). Page 40 "On vient au monde sur un cri ! Et on le quitte sur un souffle !". L'idée était plutôt amusante d'aborder le thème de la vieillesse de cette façon mais la succession de toutes ces anecdotes m'a lassé assez vite et je reconnais à un moment donné avoir décroché. Evidemment, ce livre s'adresse visiblement à des personnes plus âgées que moi car cela demande un certain recul sur soi mais il ne manque pas de piquant aussi abordable pour tous. Françoise Dorin a su ressortir des citations de l'oubli et rien que pour cela, on peut la féliciter. A lire avec une bonne dose d'humour sinon s'abstenir, cher lecteur.

Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants de Mathias ENARD

ROMAN PARU EN 2010
Le choix de ce livre s'est fait car je l'ai croisé sur une table durant mes vacances.
Je lui donnerai 4/10.
Quelques mots sur l'auteur : Mathias Enard est né à Niort en 1972. Il est écrivain et traducteur français. Il a étudié le persan et l'arabe et fait de longs séjours au Moyen-Orient. Il vit à Barcelone depuis l'an 2000. Il a vécu à la Villa Médicis en 2005-2006. Il a publié plusieurs romans dont : "La perfection du tir" paru en 2003 et qui a reçu le prix des 5 continents de la francophonie, "Remonter l'Orénoque" en 2005 et "Zone" en 2008 qui a été récompensé par le prix du Livre Inter en 2009. Il se caractérise par une seule phrase de 500 pages. Puis son dernier roman en date qui s'avère ressembler plutôt à un conte avec "Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants" paru en 2010 et qui a été récompensé par le Prix Goncourt des Lycéens la même année.
RESUME : Michel-Ange aurait bien continué à faire ses peintures dans la chapelle Sixtine mais le pape Jules II ne semble guère prendre en considération son travail et surtout il s'avérerait un très mauvais payeur. Le peintre est alors tenté de suivre le sultan Bajazet qui lui propose de concevoir un pont sur le carré d'Or dont les plans avaient été commencé par Léonard de Vinci.
MES IMPRESSIONS : Très mitigées car malheureusement je n'adhére que rarement au roman historique. Le mélange du vrai et du faux me déplait car je ne sais pas interpréter ce qui va être intéressant à retenir par mon manque de culture, j'en conviens. Pourtant, à la fin du livre, l'auteur nous dit clairement dans le prologue que ce projet de pont était véridique de même que l'invitation du sultan et le projet de Léonard de Vinci. Alors pourquoi à partir de documents authentiques, l'écrivain a-t-il besoin de broder une histoire romancée ? Je suis très sceptique sur cette façon d'écrire à partir d'évènements vrais. On dirait que sans cette base historique, l'auteur ne saurait pas inventer seul son intrigue. Pour moi, le travail de l'écrivain est ici décevant et sans intérêt. Désolée, d'être aussi critique. J'attends vos avis.

Le prix à payer de Joseph FADELLE

 
TEMOIGNAGE PARU EN 2010
Le choix de ce livre s'est fait car on me l'a prêté. Cet homme avait fait une conférence pour expliquer ce qu'il avait vécu et vendait son livre à l'issue de celle-ci. Je lui donnerai 7,5/10.
Quelques mots sur l'auteur : Sa vie est relatée dans son livre.
RESUME : Récit d'une conversion au christianisme en terre d'Islam. Mohammed Massaoui, fils aîné d'une grande famille chiite, se destine à la vie aisée d'homme d'affaires, lorsqu'il fait la connaissance de Massoud, un chrétien. Cette rencontre le transforme au point de se convertir. Une fatwa est lancée contre lui. Obligé de se cacher pour vivre sa foi, il s'enfuit en Jordanie.
MES IMPRESSIONS : Ce récit pourrait être un roman car on est emporté dans l'intrigue comme un thriller, avec un suspens intolérable mais en fait tout est vrai. Cela rend cette lecture d'autant plus bouleversante. Le grand thème qui en ressort c'est  le problème de pouvoir vivre sa foi, quelque soit la religion, en toute sécurité. D'après ce que raconte Joseph Fadelle, il a dû se cacher pour devenir catholique en terre d'Islam. Sa conversion est devenue dans son cas un parcours du combattant et une véritable histoire de famille. Il a rencontré sur sa route des personnes très dévouées à sa cause et prêtes à prendre d'énormes risques pour lui aussi. Ceci amène à plusieurs questions fondamentales :  Peut-on changer de religion facilement ? Chacun est-il libre de vivre la foi qu'il souhaite ? Doit-on se cacher pour prier ? Entre chrétiens qui croient en un Dieu unique, doit-on se battre pour défendre sa façon de croire et les coûtumes qui s'y rattachent contre les autres ? Les autres personnes de religion différente que la sienne doivent-elles être des ennemies forcément ou peuvent-elles être fréquentables sans appréhension ? Pour revenir au livre, Joseph Fadelle m'a étonné dans son engagement car il n'a jamais voulu baisser les bras. Malgré la torture, il s'est toujours relevé. Il y a parfois des convictions tellement profondes chez l'homme, que rien ne peut le faire fléchir. La force est en lui. J'ai lu certaines critiques qui disaient que dans ce livre, l'auteur a voulu expliquer que la religion catholique était la meilleure. Effectivement, on pourrait le penser mais en contrepartie un catholique ne condamnera pas en principe l'un des siens s'il se convertit à la religion musulmane ou autre, il n'ira pas jusqu'au meurtre ou la torture. Ce qui est condamnable dans toute religion c'est le fanatisme, si la tolérance est là, alors tout peut bien se passer. En tout cas, un livre intéressant à lire car il fait réfléchir sur le fait d'accueillir l'autre avec ses différences. Ma conclusion est que  l'harmonie est tellement difficile à trouver entre les peuples, les hommes, les familles qu'on en oublie pourtant que l'amour est universel et existe dans toutes les croyances et religion. Lisez ce témoignage, et venez partager vos avis sur mon blog.

La chute des géants / Le siècle (tome1) de Ken FOLLETT

ROMAN PARU EN 2010
Le choix de ce roman s'est fait dans le cadre de ma tournante de livres.
Je lui donnerai 6,5/10.
Quelques mots sur l'auteur : Ken Follett est né en 1949 à Cardiff. Il a obtenu une licence en philosophie à l'université College de Londres. Il a travaillé ensuite en tant que journaliste à Cardiff mais il se lancera très vite dans l'écriture qui l'attire plus particulièrement. Actuellement installé à Stevenage, en Angleterre, avec son épouse députée travailliste, il se consacre totalement à sa passion. Dans son oeuvre, on peut différencier des romans tantôt historiques comme en 1989 "Les piliers de la terre" et en 2007 "Un monde sans fin", tantôt d'espionnage comme "L'arme à l'oeil" paru en 1978 qui a reçu le Prix Edgar Allan Poe du meilleur roman en 1979, puis "Les lions du Panshir" en 1986, "Le troisième jumeau" en 1996 et le "Le réseau Corneille"en 2001. Je n'ai pas pu énuméré tous ses livres. Il a un style d'écriture qui lui ait propre, on lui reconnaît sa qualité de documentation entre autre historique et ses effets narratifs très visuels avec des descriptions détaillées. Ses personnages admirablement croqués, marquent le lecteur et lui permettent de mémoriser facilement chacun d'entre eux pourtant nombreux. Plusieurs livres ont été adaptés au cinéma.
RESUME : "La chute des géants" tome 1 fait partie d'une trilogie "Le siècle". Celui-ci relate le destin de cinq familles allemande, américaine, anglaise, galloise et russe au cours des tragédies du XXème siècle entre 1911 et 1924. Le lecteur est baladé sur plusieurs fronts entre Berlin et Washington, entre Londres et les mines galloises et Saint-Pétersbourg.
MES IMPRESSIONS : J'ai beaucoup souffert de la longueur du livre qui représente 1000 pages à lire et surtout le temps que cela m'a pris d'aller jusqu'au bout. Bien entendu, je suis parvenue à le finir entièrement car il est vrai que les intrigues de chaque famille incitent à savoir ce qu'il s'est passé. Historiquement, je pense que c'est intéressant car l'auteur situe admirablement les faits réels et la fiction qui vient s'y infiltrer. On sent du sérieux dans son récit. Sa façon d'écriture ne prête à aucune confusion, elle est très claire et malgré quelques brèves longueurs, on ne peut pas lui reprocher de remplir les blancs. Tout s'enchaîne aisément sans que l'on soit obligé de relire lorsque l'on reprend son livre. Un bon roman pour les courageux et ceux qui ont du temps devant eux bref un bon livre de vacances sans aucun doute mais lourd à porter ! J'attends vos avis mais je crois savoir que dans mon entourage, il a beaucoup plu.

Questions à mon père d'Eric FOTTORINO

ROMAN PARU EN 2010
Le choix de ce livre s'est fait car j'ai entendu parler de l'auteur qui m'a donné l'envie de découvrir son livre et surtout ce qu'il avait vécu.
Je lui donnerai 7,5/10
Quelques mots sur l'auteur : Eric Fottorino est un journaliste et romancier français né en 1960. Il est licencié en droit et diplômé en Sciences Politiques. Après un début de carrière au journal  Le Monde, il commence à écrire en parallèle ses premiers romans dès 1991 : "Besoin d'Afrique", "L'homme de terre", "Rochelle", "Un territoire fragile". Il recevra le Prix France Télévision pour "Korsakov" en 2004. Toujours présent au Monde, il est promu Directeur de rédaction du quotidien après le départ de Jean-Marie Colombani en 2007. Il a publié "Baisers de cinéma" qui a reçu le Prix Fémina la même année. C'est aussi un passionné de vélo, sport qu'il pratiquera dans sa jeunesse et arrêtera à 19 ans, dégoûté par l'attitude de certains coureurs. On pourra noter aussi "L'homme qui m'aimait tout bas" paru en 2009 pour finir cette année par "Questions à mon père".
RESUME : Eric Fottorino a eu deux pères ; Michel qui l'a adopté et élevé et Maurice Maman, médecin accoucheur, Juif du Maroc, qui l'aurait abandonné dès son plus jeune âge selon ses premières informations. Il nous raconte dans ce livre les retrouvailles avec son père biologique atteint d'une maladie orpheline alors que son père adoptif s'était donné la mort récemment. Il se rapproche de Maurice et découvre petit à petit sa famille du Maroc.
MES IMPRESSIONS :  Si j'ai pris la décision d'acheter ce livre c'est que le sujet me paraissait intéressant. Et de ce point de vue-là, je n'ai pas été déçue. L'écrivain nous invite à ressentir ses sensations du moment et il nous fait de temps en temps des envolées lyriques plutôt poétiques. On est ému par l'amour qui ressort de cet homme qui essaye de trouver sa place entre ses deux pères qui ne se sont vus qu'une fois. A cause du suicide de Michel, il peut découvrir son père biologique en toute tranquillité. Il découvre tout à coup la liberté d'aimer son second père. Il aurait pu le faire plus tôt, mais il a dû sentir que ce n''était pas envisageable. De plus, il était persuadé d'avoir été abandonné et cela il ne l'acceptait pas. Il se permet alors cet amour et il se souvient des jolies paroles de Maurice : "Comme on peut aimer deux enfants, on peut aimer deux pères". Phrase admirable qui résume tout le livre. Lui, Eric Fottorino, aurait-il dû profiter plus tôt de ses deux pères sans les blesser mutuellement pour autant ? Il a probablement voulu préserver chacun et lui-même. Beau livre. Je n'ai pas mis la note maximum car je pense que certains passages sont peut-être moins bien écrits mais cela ne tient qu'à moi de le juger ainsi. Lisez-le et parlons-en sur mon blog au travers de vos commentaires que j'attends toujours plus nombreux.

Le murmure des tissus d'Elise GALPERINE

ESSAI PARU EN 2010
Le choix de cette lecture s'est fait car j'avais lu son autre livre que j'avais beaucoup apprécié.
Je lui donnerai 1/10.
Quelques mots sur l'auteur : Elise Galpérine est née en 1964 à Paris. Elle a fait des études de droit et en particulier s'est spécialisée en droit anglais. Elle assure l'enseignement du droit français et anglais dans diverses universités dont Paris-Descartes et a effectué des missions de Paris-Sorbonne à Abou Dhabi. En tant qu'agrégée en Sciences Economiques, elle est rédactrice pour le CNED. Depuis 1994, elle s'est intéressée au droit des artistes et a créé notamment "La lettre du musicien" lue par les acteurs concernés. Parallèlement, elle s'est mise à l'écriture et publie en 2010 "Le murmure des tissus" et en 2012 "La folie Giovanna".
RESUME : Elise Galpérine énumère un certain nombre de citations sur le thème des tissus et de la couture.
MES IMPRESSIONS : Très décevantes après le premier livre "La folie Giovanna" que j'avais dévoré. Ce premier livre est un genre d'essai pour une femme qui a voulu mettre ses connaissances à plat. J'ai été vraiment déçue par ce livre car il ne montre pas finalement le talent de cette jeune écrivain à sa juste valeur. Dommage qu'il me soit tombé entre les mains, j'aurais mieux fait de rester sur les bonnes critiques de ma première lecture. Mais personne ne peut tout réussir et heureusement, c'est le second livre qui reste le meilleur et j'espère les suivants seront dans la même lignée. Désolée pour l'auteur mais ce livre n'en est pas un, mais juste un recueil d'expression. Motivée et perfectionniste, je l'ai lu jusqu'au bout mais sans grande conviction.



Ouragan de Laurent GAUDÉ

ROMAN PARU EN 2010
Le choix de ce livre s'est fait car on me l'a prêté dans le cadre d'une autre tournante de livres.
Je lui donnerai 8/10.
Quelques notes sur l'auteur : Laurent Gaudé est né en 1972. Il a fait des études de Lettres Modernes et réalise une thèse sur le théâtre, sa grande passion. En 1999, il publie sa première pièce : "Combats de possédés". Après avoir écrit plusieurs pièces de théâtre, il se lance dans l'écriture de romans. En 2002, il reçoit le prix Goncourt des Lycéens pour "La mort du roi Tsongor" et le prix des Libraires en 2003. Plus tard en 2004, il reçoit le Prix Goncourt pour "Le soleil des Scorta" et se fait connaître du grand public. Dernièrement , il fait son retour en librairie avec "Eldorado", roman qui fait partie de la rentrée littéraire 2006. En 2007, lui succède "Dans la nuit mozambique". En 2008, il nous gratifie d'un nouveau roman "La porte des Enfers". "Ouragan" paraît à son tour en 2010.
RESUME : Un ouragan vient anéantir la vie des habitants de la Nouvelle-Orléans dans un décor de fin du monde : vent, inondation, alligators affamés, pillage, tuerie. On assiste à une vision d'apocalypse où un certain nombre de personnages arrivent à survivre contre la fureur de la tempête et celle d'autres hommes qui trouvent enfin un chemin de liberté dans ce chaos.
MES IMPRESSIONS : Un bon roman bien écrit et bien mené mais toujours un peu lugubre comme la plupart des livres de Laurent Gaudé. Les divers personnages rencontrés au cours de ce récit sont les abandonnés du sauvetage pour la plupart de race noire. Ils n'ont pas pu suivre le convoi qui quitte la Nouvelle-Orléans pour échapper à la mort et au cataclysme qui les submerge. Ils se défendent avec leur courage et leur capacité à s'en sortir. La femme centenaire a vécu tellement de malheurs depuis sa naissance qu'elle n'a pas peur de cet ouragan qui vient encore les menacer, eux les pauvres. Rose n'a plus d'objectif réellement dans la vie, car elle a perdu celui qu'elle a aimé. Elle élève l'enfant d'un autre et elle ne peut plus le supporter. Keanu a compris qu'il fallait qu'il revoit Rose pour s'expliquer sur son départ durant 6 ans sur une plateforme offshore sans donner de ses nouvelles. Le Révérend qui s'occupait des prisonniers en voulant se sauver lui-même a dijoncté et les prisonniers livrés à eux-mêmes ont fait leur loi entre eux. Laurent Gaudé nous invite une fois de plus dans l'oeil du cyclone où chacun va connaître un sort plus ou moins dramatique. J'ai aimé mais je pense qu'il ne convient pas aux personnes sensibles à la misère du monde et à la decription d'un tableau plutôt noir et dramatique. Parfois quelques tournures d'écriture qui obligent à la relecture pour bien en comprendre le sens surtout entre les personnages qui peuvent avoir un lien entre eux plus ou moins explicites.

Un très grand amour de Franz-Olivier GIESBERT

ROMAN PARU EN 2010
Le choix de ce livre s'est fait car on me l'a prêté.
Je lui donnerai 8/10.
Quelques mots sur l'auteur : Franz-Olivier Giesbert (FOG) est né en 1949 aux USA. C'est un journaliste et un romancier français. Sa mère était professeur de philosophie alors que son père était dessinateur commercial. Ce dernier a  vécu le débarquement en 1944 et en est resté très marqué se traduisant pas un caractère violent. FOG a été influencé spirituellement par sa mère, catholique fervente. Sa famille est dite de gauche et lui-même ne faillira pas à la tradition. Après avoir fait du droit, il continue ses études en 1969 au centre de formation des journalistes où il rencontrera Patrick Poivre d'Arvor, devenu l'un de ses amis. Il accorde des entretiens à Aragon, Henry de Montherlan, Jules Romains et Maurice Genevoix. Il sera rédacteur en chef adjoint au Paris-Normandie dont sa famille est actionnaire. Puis il s'oriente vers Le Nouvel Observateur. Il publie des articles sur Michel Rocard, Jacques Chaban-Delmas et Edgar Faure. Il connaîtra des périodes houleuses avec François Mitterrand puis des réconciliations ainsi qu'avec d'autres hommes politiques comme Jacques Chirac. En 1979, il devient grand reporter à l'Express puis correspondant aux USA. Il redresse le Nouvel Observateur en difficulté et départ d'Hector de Galard en 1985. Mésentente en 1988 avec Jean Daniel, il devient alors directeur des rédactions et membre du directoire au Figaro où il sévira jusqu'en 2000. En septembre 2000, il entre au journal Le Point. Il a présenté aussi une émission hebdomadaire littéraire sur Paris-Première, intitulé le Gai Savoir, pour lequel il a été récompensé par le Prix Richelieu de l'association de la défense de la langue française. Il poursuit sa carrière à la télévision avec culture et dépendances sur France 3, puis en 2006 FOG sur France 5. Il s'en est toujours bien sorti avec ses démêlées avec la justice pour quelques accusations. Il a écrit des documents à connotation politique dont en 1987 "Jacques Chirac", 1991 "Le président", 1996, "François Mitterrand, une vie". Et simultanément des romans comme en 1992 "L'affreux", en 2002 "Mort d'un berger", en 2004 "L'américain", en 2008 "Le 8ème prophète" et en 2010 "Un très grand amour" qui nous intéresse sur ce blog.
RESUME : Histoire d'une rupture prévisible entre deux êtres qui s'aiment depuis 8 ans, qui ont des enfants ensemble, mais que la maladie va venir perturber. Eviter l'ablation chirurgicale en choisissant la curithérapie pour rester le même homme, cela va-t-il sauver le couple ?  L'amour sortira-t-il vainqueur de ce combat ?
MES IMPRESSIONS : J'avoue avoir été très agréablement surprise par la façon littéraire d'écrire de FOG. Un style très agréable, des phrases bien construites, un français parfait. Je le connaissais comme bon orateur dans ses débats politiques mais de penser qu'il put avoir des qualités littéraires, ne m'avait nullement effleurée. Son roman est bien senti, l'arrivée de la maladie est très bien décrite comme s'il l'avait déjà vécu lui-même. Le mal-être qui s'installe dans le couple est progressif et à la fois violent. Chacun campe sur ses positions et a dû mal à défendre ses valeurs. Le malade est forcément en situation de faiblesse face au bien portant qui ne veut pas blesser et décourager celui qui souffre dans sa chair. C'est un vrai dilemme humain qui arrive et c'est difficile pour chacun de faire un choix. Ce roman est réaliste, plein d'émotion, de réflexion et interpelle sur la relation malade et non malade. Comment supporter ce poids pour chacune des parties car chacun souffre forcément à un niveau différent mais réel. J'ai beaucoup aimé ce roman qui m'a vraiment étonnée dans le bon sens du terme car le journaliste ne me plait pas toujours, j'apprécie sans doute mieux l'écrivain.

Quand souffle le vent du nord de Daniel GLATTAUER

ROMAN PARU EN 2010
Le choix de ce livre s'est fait car on me l'a conseillé et je ne regrette pas de l'avoir acheté.
Je lui donnerai 9/10.
Quelques mots sur l'auteur : Né à Vienne en 1960, Daniel Glattauer est un journaliste et écrivain autrichien. Il a fait ses études universitaires en pédagogie et en histoire de l'art terminées en 1985. Il entame une carrière de journaliste pour deux journaux viennois : Die Presse et der Standard (1989). Son premier roman est édité en 1997, il s'agit de "Theo und der rest der Welt" (Théo et le reste du monde). Il a écrit une dizaine de romans environ. "Quand souffle le vent du nord" est son premier roman traduit en langue française avec quatre ans de retard sur la version originale. Ce fut un énorme succès en Autriche et une suite vient d'être diffusé dans ce pays. Ce roman a reçu en 2006 le Prix du roman.
RESUME : Tout commence par un mail inconnu qui arrive sur la boîte de réception de Leo Leike par erreur. Emmi Rothner croyait s'adresser à un éditeur pour faire une réclamation. Il s'ensuit alors un échange entre les deux protagonistes tout en excuse. Cette relation virtuelle va se poursuivre pour devenir une vraie histoire d'amour mais qui sait si elle va se terminer par une rencontre réelle.
MES IMPRESSIONS : Je me suis délectée dans cette lecture. Comment ne pas s'attacher à ces deux personnages en quête d'un amour plus consistant et plus excitant que celui de leur vie quotidienne ! On est ici dans une véritable pièce de Marivaux, je dirai du "marivaudage moderne" si je puis m'exprimer ainsi. Nous sommes face à un dialogue entre deux internautes qui partagent, se racontent, mais ne se dévoilent pas vraiment par pudeur et par précaution. Ils ne se connaissent pas du tout. On est happé très vite dans l'histoire sans pouvoir en sortir. On vit au rythme des mails qui constituent la totalité du livre. Cela aurait pu être ennuyeux mais non, c'est extrêmement réaliste et réel. On est en attente sans cesse du nouveau message qui va apparaître sur l'écran, c'est parfois insoutenable. Les paroles sont dans l'instantané. Le roman est quasiment visuel même si la vie de chacun est décrite en arrière plan. Ce livre n'est pas de la littérature à proprement parlé car il n'a pas de style mais il a son style. Bien qu'il y ait une fin à cette rencontre inédite, on perçoit une suite qui d'ailleurs est déjà réalisée d'après mes informations sur internet. Cela ne m'étonne guère. Je l'aurai proposé. Pour vous lecteur, j'ajouterai que cette histoire est très plaisante, j'ai bien aimé ce langage direct. Les conversations sont tantôt distantes puis plus ardentes, chacun se respecte même si la familiarité s'installe de temps en temps avec un humour osé à connotation très légèrement érotique parfois, une séduction dans l'invisible juste en évocation et description, à l'aveuglette. L'auteur arrive à faire monter le rapprochement entre les deux amants virtuels, la relation se précise prête à se réaliser. A vous de lire maintenant, ne passez pas à côté de cet écrivain autrichien qui nous propose une autre façon d'écrire.

Le goût des pépins de pomme de Katharina HAGENA

ROMAN EN 2010
Le choix de ce livre s'est fait dans le cadre de ma tournante de livres.
Je lui donnerai 8/10.
Quelques mots sur l'auteur : Katharina Hagena est une écrivain allemande née en 1967 à Karlsruhe. Elle a fait ses études de langue et de littérature anglaise et allemande à Marburg, Londres et Fribourg. Ses travaux de recherche se sont orientés à la fondation James Joyce de Zurich. On notera qu'elle a enseigné la littérature anglaise et allemande au Trinity Collège de Dublin et à l'Université de Hambourg. Elle est spécialiste de l'oeuvre de Joyce. C'est une auteur indépendante qui vit actuellement à Hambourg.
RESUME : Ce roman se déroule dans le nord de l'Allemagne. A la lecture du testament de sa grand-mère Bertha, Iris (la narratrice) va hériter de la maison familiale. Avant de prendre la décision de la conserver ou non, elle va y vivre quelques jours découvrant ainsi ce qu'elle va faire. Le passé remonte alors à la surface au travers de chaque recoin de la demeure et de chaque parcelle du jardin.
MES IMPRESSIONS : Alors que plusieurs de mes relations m'avaient décrit le livre comme ennuyeux et sans intérêt, je me suis fait le défit de le lire et de m'en faire ma propre opinion. Je ne suis absolument pas en accord avec ce qui a été dit dans mon entourage. J'ai, au contraire, trouvé que ce livre était bien écrit, sensible et envoûtant. Les descriptions des lieux, maison et jardin, sont admirablement bien rendues et l'on sent une atmosphère exceptionnelle. C'est un décor qui s'anime à chaque fois que le narratrice découvre elle-même les recoins de chaque endroit. Le secret de famille que l'on devine petit à petit se délie au cours du roman et on a envie de toujours en savoir plus jusqu'à la dernière ligne. En habitant quelques jours dans cette maison quelque peu abandonnée depuis quelques années, Iris se réapproprie tout ce qui l'entoure entre les objets, le jardin et la campagne environnante ainsi que ses habitants. Elle interroge les autochtones et découvre progressivement ce qu'était véritablement sa famille. Elle est, en effet, la plus jeune de la famille et n'a pas toujours tout vu et ressenti. La mort de sa cousine Rosemarie alimente forcément le mystère de cette période antérieure mais en fouillant un peu plus encore, elle réussit à connaître plus en détail ce que cette famille a enduré et vécu. Le profil psychologique de chaque personnage en partie féminin est admirablement observé. Je pense que les avis négatifs sur ce livre sont d'ordre moral mais je ne veux pas vous en dire plus pour ne pas vous dévoiler l'issue du roman. Finalement, je ne peux que conseiller cette lecture pour vous faire à votre tour votre propre opinion.

Indignez-vous ! de Stéphane HESSEL

LIVRE MANIFESTE PARU EN 2010
Le choix de ce livre-manifeste s'est fait car je l'ai croisé sur ma route.
Aucune note à donner, mais j'ai été en partie très déçue.
Quelques notes sur l'auteur : Stéphane (Stefan) Hessel est né à Berlin en 1917 d'un père juif écrivain, traducteur et d'une mère peintre, mélomane et écrivain. En 1924, la famille s'installe à Paris. Il a un frère aîné. En 1939, il entre à l'Ecole Normale de la rue d'Ulm en 1939 mais ses études sont interrompues par la guerre. En 1937, il est naturalisé français. En 1944, il est arrêté à Paris par la Gestapo sur dénonciation. Il réussit à fuir. Il retrouve sa femme et ses trois enfants. En 1946, il réussit le concours d'entrée au ministère des Affaires étrangères puis devient diplomate. Il participe à l'élaboration de la Déclaration universelle des Droits de l'homme. L'homme d'état français dont il est le plus proche est Pierre Mendès France, son optimisme naturel l'a porté vers le philosophe Hegel sans oublier qu'il a été marqué de même par Jean-Paul Sartre. En 1977, il se voit proposer le poste d'ambassadeur de France auprès des Nations Unies à Genève par Valéry Giscard d'Estaing et élevé à la dignité de Commandeur de la Légion d'honneur. Il a adhéré au parti socialiste et a dit "Je me demande pourquoi ?" Son livre a été vendu à plus de 300 000 exemplaires.
RESUME : Cinq grands thèmes jalonnent le manifeste de Stéphane Hessel : trouver un motif d'indignation pour répondre aux problèmes actuels, changer le système économique à l'échelle mondiale qui favorise une minorité de riches, mettre fin au conflit israelo-palestinien qui a suscité beaucoup de plaintes à son encontre, choisir la non-violence en réagissant et arrêter le déclin de notre société.
MES IMPRESSIONS : Après tout le tapage qui avait été fait au moment de la parution de ce manifeste, je m'attendais à un essai plutôt percutant, sans doute aussi grâce à son titre bien choisi "Indignez-vous !" , mais ce fut une grande déception en le lisant. En fait, le contenu m'a paru très creux et banal. Au cours de ses interviews, Stéphane Hessel a su persuader par sa qualité oratoire brillante un nombre important de spectateurs qui se sont empressés d'acheter dès le lendemain ces quelques pages. Mais cette provocation verbale n'est pas suffisante, elle est très orientée et ne résoud rien. Il aurait pu avoir un discours un peu plus philosophique et plus général qui aurait ouvert à beaucoup plus d'esprits critiques. Là, il se contente de faire l'apologie d'une certaine catégorie de personnes sans jamais remettre en cause le système actuel politique. Aujourd'hui, sans être ni de gauche, ni de droite, on peut affirmer que toutes les promesses faites à la veille des élections par une future présidence sont une vaste fumisterie où les mensonges électoraux dépassent largement la réalité de la politique menée après. De celà, il n'en parle pas et lui-même a fait sa carrière avec tous ces gens-là et n'a jamais remis en question ses nominations de diplomate ou autre en laissant sa place à d'autres. Il s'est battu pour lui-même, oui, et il a réussi sa vie professionnelle, oui, mais il n'a pas aidé les autres véritablement. Ce n'est pas ce qui transparait dans son livre en tout cas. Certes, il a eu une vie qui montre qu'il a été plutôt combatif et c'est tout à son honneur mais le but était d'abord de sauver sa peau et de vendre sa salade à lui aussi. Il est très égocentrique dans ce petit recueil. Il donne des leçons aux autres sans penser qu'il n'a trouvé lui-même aucune solution pour le monde. Une vérité serait de dire que les jeunes doivent se réveiller pour le monde qui les attend, mais ces jeunes se trouvent face à un mur où les anciens n'ont aucune intention de céder leur place (exemple actuel : les jeunes en Espagne qui n'ont aucun pouvoir !). J'attends avec impatience vos réactions si vous en avez.... Mais il semble que nous sommes bien impuissants face à un monde gouverné par une minorité qui ne pense qu'à sa propre ambition mais pas à celles des hommes de façon universelle.

La panthère : Le fabuleux roman de Jeanne Toussaint, joaillière des rois de Stéphanie des HORTS

ROMAN PARU EN 2010
Le choix de ce livre s'est fait dans le cadre de ma tournante de livres.
Je lui donnerai 9/10.
Quelques mots sur l'auteur : Stéphanie des Horts est une critique et écrivain française. J''ai pu noter qu'elle détenait une maîtrise de littérature anglaise, spécialiste en particulier de Shakespeare et de Jane Austen. Ses critiques littéraires s'orientent vers les revues Valeurs Actuelles et la Revue littéraire. Dans son oeuvre, j'ai relevé "La scandaleuse histoire de Penny Parker-Jones" paru en 2008, "La panthère..." en 2010 et pour finir récemment "La splendeur des Charteris" en 2011.
RESUME : Roman historique consacré à Jeanne Toussaint (1887-1978) devenue l'égérie de Louis Cartier, le célèbre joaillier français de la rue de la Paix à Paris.
MES IMPRESSIONS : Ce destin exceptionnel que j'associerai à celui d'"Helena Rubinstein" écrit par Madeleine Leveau-Fernandez, du "Baron Bich, un homme de pointe" écrit par Laurence Bich, m'a littéralement enthousiasmé. Si j'avais eu du talent, une passion comme cette personne-là, je crois que j'aurai été comblée. J'admire ainsi les hommes et les femmes qui ont apporté leur savoir, leur art et leur science à notre société. Certes, la vie de Jeanne Toussaint n'est pas un long fleuve tranquille où seul le bonheur existe, non il y a eu énormément de travail et un parcours semé d'embûches mais une telle créativité, une telle richesse et une telle générosité en font oublier tous les malheurs et les faiblesses de l'artiste. Cette femme plus heureuse dans la seconde partie de sa vie, nous a montré que son enfance et son adolescence ont été des périodes très difficiles pour elle. Cette souffrance a marqué son destin et sa vie sentimentale touchante mais instable est une résultante de ses origines. Trois hommes ont marqué sa vie : Pierre de Quinsonas qui l'a aidé à s'en sortir après avoir quitté l'enfer familial dans lequel elle vivait et à retrouver sa soeur Charlotte échappée elle aussi de cette situation quelques années plus tôt, Louis Cartier qui lui déclara sa flamme et simultanément reconnaissait chez elle un talent inégalable en l'embauchant dans son entreprise de joaillerie, puis Pierre Hély d'Oissel qui fut le seul à lui demander sa main et l'épouser alors qu'elle avait déjà 67 ans. Sa soeur Charlotte l'a réconforté tout au long de sa vie avant de mourir relativement jeune, mais elle laissera un fils qui lui survivra et l'aidera à surmonter cette disparition. Jeanne Toussaint enterra tous ceux qu'elle aimait sauf Heinrich Krüger qui la retrouvera tardivement pour lui annoncer des révélations qui la rendront plus sereine. On pourra aussi retenir qu'elle fut une grande amie de Coco Chanel qui la sauva des nazis bien qu'elle n'était pas juive et elle croisa sur sa route Proust, Cocteau, Hemingway, Fitzgerald, Dior et la Duchesse de Windsor. Elle réalisa à la fin de sa vie la panthère en pierres précieuses qu'elle avait imaginée avec Louis Cartier depuis des années et qu'elle n'était pas parvenue jusque là à créer. Je pense, cher lecteur, que vous ne pouvez pas passer à côté d'un tel livre. Pour moi, ce fut un moment de lecture fascinante, admirative, instructive et merveilleuse.

La carte et le territoire de Michel HOUELLEBECQ

ROMAN PARU EN 2010
Le choix de ce livre s'est fait car on me l'a prêté.
Je lui donnerai entre 9/10 pour la première partie et 7/10 pour la fin du livre.
Quelques mots sur l'auteur : Michel Houellebecq, de son vrai nom Thomas, est né à la Réunion en 1958 selon sa biographie officielle (j'ai lu 1956 d'après d'autres sources renseignées sur son état civil). C'est un écrivain français, poète, essayiste, romancier et réalisateur. Son père, guide de haute montagne, et sa mère, médecin anesthésiste, ne se sont pas beaucoup occupés de lui et l'ont confié à sa grand-mère paternelle née Houellebecq, nom qu'il utilisera comme pseudonyme d'écrivain. Dès 6 ans il est élevé dans l'Yonne par cette dernière qui avait des idées communistes. Elle meurt en 1978 et en 1980, il obtient le diplôme d'ingénieur agronome. Un an après, il épouse la cousine de son meilleur ami dont il aura un fils Etienne. Il démarre alors une période de chômage puis son divorce qui le mèneront à faire plusieurs séjours en milieu psychiatrique. Depuis l'âge de 20 ans, il avait montré des aptitudes à l'écriture en commençant par faire des poèmes. Sa sortie de dépression va le mener vers un emploi de Secrétaire administratif à l'Assemblée Nationale qui lui permet de se stabiliser professionnellement et financièrement. Il peut alors se consacrer plus sereinement à ses écrits.  Dans son oeuvre, on peut noter trois recueils principaux de poèmes : "La poursuite du bonheur" en 1992, "Le sens du combat" en 1996 qui obtient le Prix de Flore et "Renaissance" en 1999. Sa rencontre avec Marie-Pierre Gauthier annonce son second mariage en 1998. Entre temps, il a commencé en parallèle ses premiers romans avec en 1994 "Extension du domaine de la lutte" qui le fait connaître davantage, en 1998 "Les particules alimentaires" traduit en 25 langues et lauréat du Prix Novembre, "meilleur livre de l'année" et je noterai en 2005 "La possibilité d'une île" qui a reçu le Prix Interallié et en 2010 le Prix Goncourt récompense "La carte et le territoire". Je n'ai pas cité l'ensemble de tous ses écrits divers car très dense mais j'ai lu que Michel Houellebecq avait reçu en 1998 le Grand Prix National des Lettres Jeunes Talents pour l'ensemble de son oeuvre. Après avoir habité en Irlande dans le Comté de Cork, où il a écrit "Plateforme" (2001) son troisième roman, il déménage en Espagne en 2005 où il réside actuellement. Ce départ précipité s'explique par une accusation à son encontre et qui l'a mené à un procès le 17 septembre 2002. Il gagnera grâce au soutien des intellectuels, ses lecteurs et son avocat Maître Pierrat. Différentes associations de musulmans et le Recteur de la Mosquée de Paris l'accusant d'incitation à la haine raciale et injures suite à une interview tronquée dans le magazine Lire. Il s'est promis de ne plus jamais répondre en France aux media depuis cette malcontreuse mésaventure.
RESUME : Jed Martin, peintre, va devenir célèbre grâce à son talent et à ceux qui vont le lancer et le promouvoir. C'est un homme qui vit modestement, d'une mère qui s'est suicidée alors qu'il était encore jeune et d'un père, entrepreneur, qui ne s'est pas beaucoup occupé de lui. Il n'a jamais recherché la notoriété et vit seul la plupart du temps mais fête Noël tous les ans avec son père qu'il revoit à cette occasion. Ses rencontres diverses entre Olga, une jolie russe très séduisante, Michel Houellebecq lui-même, Franz Teller son galeriste sans oublier Marylin Prigent qui a organisé ses expositions vont pourtant lui apporter la reconnaissance et la richesse. La troisième partie concerne une enquête sur un meurtre. Jed Martin va aider le commissaire à élucider l'affaire.
MES IMPRESSIONS : La lecture de cet auteur, pourtant mondialement connu, est une première pour moi. Je n'avais, en vérité, jamais été tentée par les livres de Michel Houellebecq, ce qui me semblait sans fondement, je dois dire, car je le pensais déséquilibré et ayant des idées anarchiques. Je pense que je ne m'étais surtout jamais renseigné sur cet écrivain et je l'avais entendu vaguement sur des plateaux télévision. Je fus surprise par ce roman, au contenu très lisible, classique et même agréable dans son style littéraire. L'intrigue est bien menée, je n'ai pas eu le temps de m'ennuyer. Bien entendu, la présence de Michel Houellebecq dans cette histoire peut paraître prétentieuse, mais je ne l'ai pas prise dans ce sens-là. En se décrivant alcoolique et dépressif, il ne fait que se raconter. Il est le mieux placé pour le faire finalement ce qui montre une grande lucidité de cet état qu'il a déjà vécu au cours de sa vie personnelle. La fiction rejoint là la réalité. Pourquoi pas, finalement ? Franchement, l'atmosphère rendue dans ce livre est intéressante. Les personnages dans leur environnement sont bien campés et les lieux décrits s'impriment dans notre imagination simplement. Je critiquerai la troisième partie que j'ai trouvé un peu curieuse et qui ne me semblait pas correspondre à la première impression que j'avais eue au départ. Il y a cependant une suite logique puisqu'il reste un lien avec la première partie de l'histoire. Cela a été pour moi un peu surprenant de partir de la carrière fulgurante de Jed pour aboutir à une enquête policière qui ne le concernait pas directement mais pourtant.... Bref, c'est l'impression que j'ai ressentie mais que j'ai dû mal à exprimer. Je suis très curieuse de lire d'autres livres de cet écrivain qui, je l'espère, me satisferont comme celui-ci. J'attends vos critiques avec impatience.