08/01/2019

La part du fils de Jean-Luc COATALEM

ROMAN PARU EN 2019
Le choix de ce livre s'est fait dans le cadre de ma tournante de livres.
Je lui donnerai 8/10.
Quelques mots sur l'auteur : Jean-Luc Coatalem est né à Paris en 1959 dans une famille d'officiers. Son enfance s'est déroulée en Polynésie puis son adolescence à Madagascar. De retour en France définitivement dès l'année 1974, il fera des études de Lettres à Angers. Sa carrière se poursuit alors dans l'édition. En tant que journaliste indépendant, ses reportages seront publiés par Géo, Grands reportages et Vogue. En tant qu'écrivain, il écrira des nouvelles comme "Zone tropicale" (1988) et "Affaires indigènes" (1992) puis des chroniques de voyages dans "Mission au Paraguay" (1996), "Les beaux horizons"(1998) et "Suite indochinoise" (1999) et des romans comme "Capitaine"             ( 1991), "Triste sire" (1992), "Villa Zaouche" (1994) et "Le fils du fakir" (1998). Ses thèmes de prédilection sont : l'Afrique coloniale des années 30, les récits de voyages , les relations mère fils, le tout sur fond d'humour et de parodie. Son oeuvre prépondérante, qui lui a donné sa renommée, est un essai très personnel sur Paul Gauguin paru en 2001 sous le titre "Je suis dans les mers du sud". Il a obtenu le Prix Amerigo Vespucci la même année, le Prix des deux magots en 2002 et a été traduit en plusieurs langues. Je noterai encore "Le dernier roi d'Angor" édité en 2010, "Le gouverneur d'Antipodia" (2012) qui a reçu le Prix Roger Nimier. Jean-Luc Coatalem a été récompensé encore en 2017 pour "Mes pas vont ailleurs" qui a reçu le Prix de la langue française et le Prix Fémina essais. Et je finirai par "La part du fils" (2019), sorte de roman familial, qui a reçu le Prix Giono.
RÉSUMÉ : Jean-Luc Coatalem nous relate l'histoire personnelle de son grand-père sous la forme d'un roman qui alterne les faits réels et des faits imaginés pour combler les zones d'ombre. Ce grand-père qui dirigeait une imprimerie et sera arrêté par la Gestapo dans un village du Finistère. Le motif de l'arrestation est déclaré comme inconnu.
MES IMPRESSIONS : Un magnifique roman sur un témoignage de l'histoire. Paol n'a pas eu de chance d'avoir été arrêté sans qu'il ne puisse rien dire. Sa famille n'a pu que constater son absence puisqu'il n'est jamais revenu chez lui. Né en 1894 à Brest, il a disparu en 1943. Son petit-fils Jean-Luc va faire un gros travail de mémoire pour comprendre ce qu'il s'est passé. Son père Pierre n'avait que 12 ans lors des faits et il a toujours dit qu'il ne voudrait plus jamais parler de la disparition de son père Paol. Jeanne, la femme de Paol,  n'a pas voulu parler non plus, traumatisée aussi par la perte de son mari. Pour l'auteur de ce livre, cette recherche lui a pris une bonne dizaine d'années car les informations qui lui ont été livrées se sont faites au compte-goutte avec diverses rencontres qui ne voulaient rien révéler sur cette lourde période de dénonciations et de déportations. Cette enquête a permis de savoir finalement que Paol avait été détenu à Compiègne, déporté à Buchenwald Dora puis Bergen Belsen. Ce roman montre la douleur de la famille qui a préféré ensevelir l'histoire plutôt que la partager avec leur descendance. Jean-Luc s'est senti investi de cette mission pour crever l'abcès familial qui s'apparente à un secret de famille qui fait du mal aux générations futures. Le droit de savoir lui a paru primordial pour son équilibre d'abord puis des autres membres de la famille. Il s'est heurté au silence de son père durant ces 10 ans de recherche mais ce dernier finira par lui fournir des documents prouvant que Paol avait été un résistant durant la seconde guerre mondiale. Un geste qui montre sans doute sa reconnaissance pour tout ce que son fils a fait pour la famille. Malgré la souffrance de sa famille, Jean-Luc Coatalem met fin aux doutes que chacun ne voulait pas avouer sur l'issue fatale de leur mari, père et grand-père. À lire, c'est un beau roman sensible et douloureux.





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