06/01/2010

A marche forcée de Slavomir RAWICZ (A pied du Cercle polaire à l'Himalaya 1941-1942) SORTIE DU FILM 26/01/10 Les chemins de la liberté

ROMAN PARU EN 1956, réédité 2005
Le choix de ce livre s'est fait dans le cadre de ma tournante de livres.
Je lui donnerai 10/10.
Quelques mots sur l'auteur : Slavomir Rawicz est né en 1915 en Pologne. Il est mort en 2004 à Londres où il a habité après son évasion. Il se consacrait à une carrière de technicien (électricité, radio) avant d'être arrêté en 1939 par les soviétiques en tant qu'officier de cavalerie polonais accusé d'espionnage. Condamné au goulag en Sibérie, il s'enfuit avec 6 hommes. Il réussira à atteindre l'Inde après des mois de marche, de souffrance et d'endurance. Il y a eu des doutes durant plusieurs années sur la véracité de son récit mais il semblerait que des preuves ont pu être apportées à ce jour pour valider cet évènement. On se sait rien sur sa vie qui a suivi, il est resté très discret. Il aura écrit ce seul livre qui sera vendu à plus de 500 000 exemplaires et traduit en 25 langues.
RESUME : Récit d'un voyage inhabituel où Slavomir Rawicz sera arrêté en 1939 par le NKVD (police secrète russe) pour espionnage. Il est polonais et s'était engagé militairement pour son pays. Il sera conduit en Sibérie avec 5000 autres prisonniers dans des conditions épouvantables au risque de sa vie. Révolté par cette situation pour dénonciation mensongère, il organise une évasion du camp 303 en Sibérie avec 6 autres compagnons de route choisis pour leur volonté de s'en sortir et leur détermination. Ils traverseront le lac Baïkal, la Mongolie, le désert de Gobi et l'Himalaya pour arriver en Inde, sans nourriture et sans équipement adaptés dans des conditions proches de l'irréalisable.
MES IMPRESSIONS : Un récit bouleversant, instructif et tellement beau. On sent l'homme déterminé au delà des forces qu'il peut donner. La justice qui se sert de certains hommes pour en juger d'autres ressort ici comme honteuse, malhonnête et violente. Durant cette seconde guerre mondiale, les soit disant "coupables" sont traités comme des chiens, et ce n'est même pas sûr qu'un chien survivrait à ces traitements. Le bagnard n'a pas le droit de se justifier, c'est inconcevable. Mais une fois cette partie du livre écoulée, c'est le goulag. On sent quelques prémices d'humanité de certains hommes mais tellement timides alors qu'ils massacrent leurs congénères de chair et d'os qui sont comme eux : des hommes. Ils sont obligés d'obéir à des ordres de plus haut, c'est aussi cela le drame. Slavomir Rawicz décrit à merveille tous ces moments de  torture, de douleur, de découragement et toujours d'espoir quand même. Dans le camp, on sent qu'il y a de l'hypocrisie avec les gardiens russes, mais c'est la seule façon de pouvoir s'en sortir. Il faut les amadouer, leur montrer qu'on est de leur côté. Puis, la femme du colonel va leur donner un coup de main pour réussir leur évasion. Cette présence féminine qui a tout compris de ces horreurs n'admet pas vraiment cet état de fait. Elle-même est prisonnière sur le camp puisqu'elle est obligée de rester dans sa maison avec son mari. Elle se veut complice car elle a compris que toute cette mascarade ne sert à rien et que ce n'est pas normal de traiter les prisonniers ainsi, de laisser des jeunes hommes innocents peut-être et intelligents rester 25 ans à croupir au fin fond de la Sibérie. Puis le voyage va commencer et nos protagonistes ne sont pas au bout de leur peine. Ils vont souffrir de la faim, du froid et de la chaleur mais leur détermination sera sans faille. Ils sont tous motivés pour cette liberté qu'ils attendent tous. Leur périple est semée d'embûches au-delà du réalisable. On rencontrera quelques incohérences dans le livre qui en feront douter certains sur sa véracité. Depuis, il paraîtrait qu'on ait trouvé des preuves sur le déroulement de cette évasion. Je n'ai pas personnellement été gênée par ces incohérences remarquées. Douze jours sans boire m'a paru un peu excessif mais certains détails manquent parfois dans le descriptif. La rencontre avec les abominables hommes des neiges pourrait être une pointe d'humour pour un peu de dérision. Quant à leurs minces équipements, leurs états de santé fragilisés par le manque de nourriture, on n'est pas forcément apte à dire qu'ils ne pourraient pas faire ce qu'ils ont fait. L'homme s'est trouvé parfois très résistant dans des situations de l'extrême alors on ne peut pas juger. Les hommes qui élevaient les chèvres dans la montagne ne semblaient pas beaucoup plus couverts ni beaucoup mieux chaussés. En traversant les zones très froides avant l'arrivée en Sibérie, ils avaient déjà enduré beaucoup ce qui pouvait expliquer leur exceptionnelle endurance. Ce n'est certainement pas à moi de trouver des raisons à l'exactitude de ce récit mais je ne peux imaginer qu'une personne ait pu décrire de telles choses sans qu'il y ait une part de vrai. C'est à lire absolument. Le côté aventurier m'a fait pensé à un autre livre qui figure dans mon blog  que je viens de lire "La route" de MCCarthy. C'est la même détermination de s'en sortir à tout prix. Une chose m'a par contre manquée et c'est là que l'on voit que ce n'est pas un roman, on n'a pas su quelles ont été les réactions sur le camp après l'évasion et il aurait été intéressant de savoir ce qu'il s'est passé le lendemain matin lors de l'appel des prisonniers. Il reste cette inconnue qui aurait eu tout son poids aussi dans cette histoire. Sortie le 26 janvier 2010 au cinéma du film qui raconte toute cette histoire : le livre "A marche forcée" devient "Les chemins de la liberté". Après cette lecture, rien ne vous empêche d'aller voir le film.

1 commentaire:

libertaire a dit…

Je viens de voir le film :les chemins de le liberté,belle leçon de courage et dignité envers un systéme inhumain .cela m'a donné envie dde lire le livre de Samuel Rawicz;