02/05/2022

Si seulement la nuit d'Alice RAHIMI et Atiq RAHIMI

ROMAN PARU EN 2022
Le choix de ce livre s'est fait car je connais un livre du père ayant lu "Syngué Sabour"qui avait reçu le prix Goncourt en 2008 et j'ai entendu le duo père/fille à la Grande Librairie au festival de Cannes.
Je lui donnerai de 8 à 9/10.
Quelques mots sur les auteurs : 
 . Alice Rahimi née en 1996 est comédienne, elle est la fille unique d'Atiq Rahimi et Rahima Rahimi. Avant d'être diplômée du conservatoire national supérieur d'art dramatique de Paris (2017-2020), elle a fait l'école du Studio d'Asnières (2013-2014). Elle a tourné pour la télévision en 2016 dans "Section de recherches", pour le cinéma en 2019 dans "Le sel des larmes".  Alice a accompagné son père sur le tournage du film "Syngue Sabour", dont elle a réalisé le making off. La jeune femme a utilisé la littérature pour mieux comprendre son père et se comprendre elle-même, ceci durant les périodes de confinement imposées par la pandémie du Covid 19. Ses études sont en effet interrompues et elle est privée de scène. Très isolée, la séparation avec ses proches lui pèse et elle profite pour entamer un dialogue avec son père qu'elle invite à se dévoiler sur l'histoire familiale, son exil d'Aghanistan et son rapport à la culture. Pour finir, elle sera à l'affiche prochainement en 2022 dans le dernier film d'Ali Abbasi : "Dead end".
 . Atiq Rahimi, né en 1962 à Kaboul, est un écrivain et réalisateur qui a obtenu la double nationalité française/afghane depuis son installation en France. Son père était gouverneur du Panjshir et sa mère institutrice. Il est le troisième enfant d'une fratrie de quatre. Son père a été emprisonné et torturé à la chute du roi et face à ces souffrances, à 11 ans, il se réfugie dans l'écriture de poèmes pour les offrir à son père. Il passe son bac à 16 ans et entre en lettres modernes à l'Université de Kaboul. Il est marié à Rahima Rahimi. Il habite à Paris actuellement dans le 8ème arrondissement. Francophile, il a été étudiant au lycée franco-afghan de Kaboul. De 1979 à 1984, il vit la guerre de son pays qu'il fuit avec sa femme pour demander asile à la France qui les accepte au bout de leur périple passant d'abord par le Pakistan. En France, il obtient ensuite un doctorat de cinéma à la Sorbonne. En 2000, il écrit en persan "Terre et cendre" évoquant la souffrance des hommes alors que les Talibans viennent d'envahir Kaboul. En 2001, il l'adapte en co-écrivant un scénario avec le cinéaste iranien Kambuzia Partovi avec lequel ils ont présenté leur film dans la section "Un certain regard" au festival de Cannes 2004. Ils ont obtenu le Prix Regard vers l'avenir. Dans sa langue natale, il publie en 2002 "Les mille maisons du rêve et de la terreur". "Le retour imaginaire" est son troisième roman publié en 2005. Puis en 2008, parait son dernier livre qui reçoit le Prix Goncourt pour "Syngué sabour". En 2011, adaptation de ce nouveau livre à succès en film qu'il réalise avec Jean-Claude Carrière. La même année, il publie "Maudit soit Dostoeïvski". Il a toujours été pessimiste quant à l'avenir de son pays et cela se vérifie effectivement en 2022 avec la reprise du pays par les talibans, des fondamentalistes islamistes regroupés dans une organisation militaire, politique et religieuse. J'ajouterai qu'il a écrit ces lignes concernant sa religion : "Je suis bouddhiste parce que j'ai conscience de ma faiblesse, je suis chrétien parce que j'avoue ma faiblesse, je suis juif parce que je me moque de ma faiblesse, je suis musulman parce que je condamne ma faiblesse, je suis athée si Dieu est tout puissant." 
RÉSUMÉ : Confinés en 2020 séparément, la fille et le père entament une correspondance par mail.
MES IMPRESSIONS : Au début de ma lecture, je dois dire que j'ai trouvé le livre d'Alice et Atiq un peu décevant, un peu plat. On aurait pu parler d'un coup commercial pour faire connaître sa fille et relancer sa carrière personnelle à la sortie de la pandémie. Les dialogues étaient superficiels puis petit à petit alors que j'avais lu quasiment la moitié du livre, il y a eu un déclic quand Atiq a commencé à raconter son histoire familiale. Il s'est raconté en toute transparence alors que sa fille lui disait souvent qu'il était peu bavard et qu'il ne racontait rien. Tout ce parcours pour quitter son pays, pour le fuir est devenu de plus en plus fort, grave et inquiétant. De la chrysalide est né le papillon. Atiq Rahimi arrivait enfin à raconter ce qu'il avait vécu et cette déchirure douloureuse avec les membres de certains de sa famille qui ne pensaient pas comme lui et l'éloignement de sa terre natale. Un livre poignant, intéressant qui justifie qu'il a bien fait de quitter son pays vu la tournure actuelle de l'Afghanistan et le retour à la dictature, la censure, les mauvais traitements et la terreur. Un traumatisme qu'il ne cesse de vivre probablement. Un livre aussi sur les rapports parent/enfant qui sont très intéressants à analyser lorsque les relations sont distantes et ne sont pas fluides. Finalement, je conseille cette lecture après un début décevant. Il faut persévérer. 

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