07/01/2010

"Même les bourreaux ont une âme" de Maïti GIRTANNER

TEMOIGNAGE PARU EN 2006
Le choix de ce livre s'est fait dans le cadre de ma tournante de livres.
Je lui donnerai 5/5.
Quelques mots sur l'auteur : Maïti Girtanner est née en Suisse en mars 1922. Elle vit aujourd'hui entre la région parisienne et la Vienne.
RESUME : Maïti Girtanner était une jeune fille suisse sans histoire jusqu'au jour où elle entre dans la résistance durant la Seconde Guerre Mondiale. Elle avait été élevée par une famille plutôt aisée et très musicienne ce qui lui promettait une future carrière de pianiste. Mais son destin sera tout autre et elle va faire passer des hommes juifs traqués par les allemands vers la zone libre non loin de sa maison au bord de la Vienne. Elle sera arrêtée à son tour par des allemands qui avaient remarqué ses agissements et cette fois-ci sa nationalité suisse ne pourra plus la sauver. Elle sera maltraitée et torturée. En 1984, coup de théâtre si l'on peut dire, après 40 ans, son bourreau réapparaît et veut la rencontrer. N'ayant plus que quelques semaines à vivre suite à un cancer, ce dernier ne peut mourir sereinement sans s'être dénoncé auprès de sa victime encore vivante mais détruite physiquement et moralement et d'avoir ainsi massacré des êtres humains sans discernement et sous des ordres intransigeants. Il ne sait comment donner son pardon après toutes ces années et ne sait comment cette femme va le recevoir et réagir.
MES IMPRESSIONS : Un témoignage magnifique qui m'a rappelé que je connaissais déjà l'histoire de cette femme par un film ou un court métrage que j'avais eu la chance de voir sur elle il y a quelques années. Cependant, cela ne m'a pas empêché de relire sa biographie qui m'a une fois de plus captivée. Maïti Girtanner est une femme étonnante, d'un courage sans limite qui suscite l'admiration de tous. D'ailleurs la devise de sa famille suisse et de son père en particulier était : "oser et tenir bon". Cela lui a sans doute permis de résister jusqu'à sa libération alors qu'elle était quasiment morte abandonnée et enfermée dans une pièce sans lumière et plus nourrie. Sa famille ne la voyant pas revenir, s'était doutée qu'il lui était arrivé quelque chose et avait donné l'alerte. Elle qui avait sauvé tant de vies durant la guerre ne pouvait disparaître dans l'oubli et l'indifférence. Ce qui est tout de même le plus fort dans ce livre, c'est que cette jeune femme qui avait subi des tortures par un bourreau allemand, lui détruisant toute une partie de son système nerveux, ne pouvait éloigner de sa pensée le pardon qu'elle pourrait accorder à cet homme. Souffrant tous les jours, elle ne pouvait éloigner ses pensées de ce médecin allemand, à qui inconsciemment elle voulait pardonner. Sa perspicacité en pensée lui avait donné raison puisqu'elle le rencontrera alors qu'il avait cherché lui-même à la contacter. Leur rencontre est fort émouvante, il faut la lire pour mieux comprendre le sens de ce livre. Je ne pourrai pas mieux exprimer qu'elle ces "retrouvailles" et le retour sur un passé plus que destructeur. Maïti Girtanner s'était destinée à une carrière de pianiste qu'elle a dû abandonner à cause de ses séquelles laissées par les coups de cet homme. Il est difficile de concevoir et d'accepter aujourd'hui qu'elle ne se soit pas révoltée alors que cet homme a vécu après la guerre une vie parfaitement normale. Mais la morale de cette histoire c'est que cet officier allemand ne parvenait plus à vivre avec sa conscience intacte, son passé l'a rattrapé malgré lui et mentir à ses proches sur sa vie en omettant de leur raconter, lui était devenu insupportable. Cela nous amène à un débat très actuel, est-ce que les bourreaux d'aujourd'hui agissent sans discernement ou sont-ils conscients de leurs actes ? Il reste sans doute au fond de chaque homme, une part d'humanité plus ou moins révélée. Pour finir, cette femme exemplaire pourtant pas assez connue, a aidé plein d'hommes et de femmes par sa foi, en priant Dieu et en leur en parlant. Elle leur a parlé de la vie éternelle après la mort. Elle a même pensé que "le malheur était plus du côté du bourreau que de la victime". Maïti n'a qu'une idée en tête "pardonner à cet homme qui l'a détruite". Le pardon qu'elle va désirer pour cet homme est un désir de vie, pour lui et pour elle. "Si moi, je n'y arrive pas, je demande à Dieu de lui-même faire pour moi ; mon désir est là".
A lire absolument et peut-être en particulier pour ceux qui chercheraient le pardon ou à pardonner. Un grand exemple d'humanité et d'humilité et de courage.

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